Les investisseurs férus d’actifs à risque ont vécu un mois de février chaotique.
Tout avait bien débuté dans l’espoir d’un ralentissement, voire d’une pause prochaine du cycle de resserrement monétaire des principales banques centrales alors que l’économie américaine affiche sa résistance.
« Le pessimisme excessif en fin d’année, l’abondance des liquidités, l’espoir d’une désinflation en cours et un ralentissement en vue beaucoup moins marqué que prévu, expliquent la hausse enregistrée depuis le début de l’année.
L’optimisme ambiant pourrait cependant être perturbé par l’absence marquée de visibilité », commente Jacques de Panisse, gérant chez Optigestion.
Un regain d’appétit pour le risque qui a profité logiquement aux valeurs jugées cycliques, comme l’observe Véronique Riches-Flores : « Cela ressemble au bon vieux temps, celui d’un appétit -apparemment sans limite- pour le risque qui entraîne dans son sillage les cycliques, les valeurs technologiques et, plus encore, les cryptomonnaies ».
Cependant, la publication d’indicateurs économiques témoignant du dynamisme de l’activité économique comme l’accélération de l’emploi américain ou la hausse des ventes au détail en janvier ont ravivé la crainte d’une sévérité accrue de la Fed face à l’inflation.
L’inflexion des actions américaines a ainsi coïncidé avec le retournement du marché obligataire.
Tombé sous les 3,4 % le 2 février, le taux américain à 10 ans a rapidement rebondi pour atteindre 3,97% à la fin du mois, soit plus haut niveau depuis novembre.
« Les banques centrales n’ont pas fini leur travail.
Leur complaisance offre des opportunités que les investisseurs ne peuvent ignorer mais qui doivent être mises en perspective de ce que cela signifie en termes de risque d’être rattrapé par un nouveau cycle de hausse des taux d’intérêt », explique Véronique Riches-Flores.
En Europe et Royaume-Uni par exemple, le ralentissement de l’inflation semble loin d’être convaincant, poursuit l’experte.
Pour autant, les actions européennes, et notamment françaises ont longtemps résisté à la déprime de Wall Street grâce à des bons résultats d’entreprises et à des valorisations généralement dégradées sur le Vieux Continent.
Les valeurs bancaires françaises ont particulièrement brillé grâce à des excellents résultats financiers, soutenus par leurs pôles d’investissements et l’activité de crédit, comme le souligne l’économiste.
Pour autant, à la fin du mois, l’annonce d’une accélération inattendue de l’inflation aux États-Unis en janvier a précipité les Bourses mondiales dans le rouge et entretenu la remontée des taux d’intérêt des deux côtés de l’Atlantique.
Dans cet environnement aussi volatil qu’incertain, certains investisseurs ont continué d’adopter une approche thématique rigoureuse de façon à profiter des grandes tendances qui structurent et vont structurer l’économie mondiale au cours des prochaines années.
À cet égard, Roni Michaly, PDG de Financière Galilée rappelle que la gestion thématique, c’était l’assurance pour une société de gestion de connaître le succès.
Sauf que cette gestion doit répondre à un cahier des charges précis, souligne le dirigeant qui a mis en avant le mois dernier un de ses thèmes de prédilection : l’éducation.
Au chapitre géopolitique, la guerre en Ukraine a continué de faire rage.
Pour tenter, une nouvelle fois, d’affaiblir Vladimir Poutine, l’Europe a mis en place une deuxième salve de sanctions visant le pétrole russe.
Après le brut en décembre 2022, les produits raffinés en Russie sont interdits depuis le 5 février, et un prix maximum est imposé au marché.
Pour compenser l’absence de diesel russe, l’Europe doit trouver de nouvelles sources d’approvisionnement.
« Par ordre de préférence, l’UE devrait d’abord se tourner vers les pays du Golfe, puis les États-Unis et l’Inde », estime Carmine de Franco, responsable de la recherche chez Ossiam.
Du point de vue de l’investisseur, l’expert a par ailleurs mis en avant l’intérêt d’investir dans le lithium, indispensable à la fabrication de batteries électriques.
Sur le front de l’immobilier, les chiffres de la pierre-papier pour 2022 ont été publiés.
Les SCPI ont enregistré l’an dernier une collecte nette record de 10,2 milliards d’euros contre 7,4 milliards d’euros en 2021, selon les chiffres dévoilés le mois dernier par ’Association Française des Sociétés de Placement Immobilier (ASPIM).
Elles ont par ailleurs offert un rendement de 4,53%, plus élevé qu’en 2021 (4,49%).
La jeune SCPI Remake Live de Remake AM a affiché un taux de distribution de de 7,64%, soit deux points de plus que le rendement moyen pour l’ensemble des SCPI diversifiées.
Pour l’avenir, Nicolas Kert, président de Remake AM affiche sa confiance en dépit de la hausse des coûts de financement et de sa conséquence, une baisse des prix de la pierre.
On juge la performance de l’immobilier en la comparant à celle des autres classes d’actifs, souligne Nicolas Kert.
Les SCPI en deçà de 4,50 % de rendement n’offrent pas un surplus de gain très attrayant et devraient logiquement attirer moins de collecte. »