Un été en pente douce sur les marchés
Nos clients s’expriment tous les jours dans la Presse. Régulièrement, nous synthétisons pour vous leurs prises de parole les plus importantes.
Dans cette édition, Riches-Flores Research, Lynceus Partners, Ossiam, Galilée AM, Financière d’Orion et Remake AM.
- Les investisseurs prudents face aux politiques des banques centrales
- Gestion d’actifs : la transition énergétique plébiscitée
- SCPI : prime à l’agilité
En août, les actifs à risque ont vécu un mois morose, entre risque de récession, incertitudes sur l’évolution des politiques monétaires des banques centrales et inquiétudes concernant l’économie chinoise. Pour autant, relativise Véronique-Riches-Flores, fondatrice de Véronique Riches-Flores Research, « l’été s’est finalement déroulé sans heurts majeurs, sans crise financière ni exacerbation des frictions internationales ». Après une série de sept mois consécutifs de hausse liée à une performance de l’économie européenne qualifiée de remarquable par Florien Clédière, directeur général Afrique de la société d’investissement spécialisée dans les produits structurés Lynceus Partners, les marchés actions ont marqué le pas. Certes, remarque Véronique Riches-Flores, le chômage en Italie en juin est tombé à son plus bas niveau depuis 2009. Mais, les investisseurs ont été déçus par la nouvelle chute de l'indice des directeurs d'achat (PMI) de la zone euro en août, à son niveau le plus bas depuis novembre 2020, tandis que l’inflation s'est stabilisée à un niveau élevé. « Inflation et hausses de taux semblent commencer à peser davantage sur la demande des ménages et les entreprises rencontrent plus de difficultés à répercuter la hausse de leurs coûts dans leurs prix. Un mauvais mix alors que les tensions renouvelées sur les prix des intrants ne vont pas dans le sens souhaité par les banques centrales », commente Véronique Riches-Flores.
Fort de ce constat, les marchés redoutent l’impact sur la croissance d’un éventuel nouveau tour de la vis de la Banque Centrale Européenne (BCE). Lors du symposium économique de Jackson Hole, fin août, la Présidente de l’institution, Christine Lagarde, a insisté sur la nécessité de ramener l'inflation dans la zone euro à l'objectif de 2 % à moyen terme, laissant ainsi penser qu'une nouvelle hausse des taux pourrait être décidée le 14 septembre. Le Président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, s’est montré plus prudent concernant les hausses des taux. Dans ce cadre, Véronique Riches-Flores observe qu’alors que l’économie américaine semble se rapprocher d’un « soft landing », avec un ralentissement de la croissance et de l’inflation, « le dirigeant n’a cependant pas fermé la porte à un nouveau resserrement monétaire dans les prochains mois en fonction de l’évolution de la conjoncture ». A ces craintes, se sont ajoutées les inquiétudes suscitées par de ralentissement de l'économie en Chine et la santé de son secteur immobilier alors que le géant de la promotion Country Garden, surendetté, est proche de la faillite, observe Véronique Riches-Flores. Dans ce contexte, la hausse du rendement de l’emprunt du Trésor à 10 ans a été attisée par la dégradation de la note des Etats-Unis de "AAA" à "AA+» par Fitch, souligne l’économiste indépendante.
Coup chaud sans conséquence pour le secteur bancaire
Dans la torpeur estivale, les valeurs bancaires européennes ont subi un bref moment de forte volatilité le 10 août dernier après l’annonce surprise par l’Italie d’un projet de taxation des “surprofits” de ses banques. Le recul initial des actions bancaires s’explique par “la crainte épidermique des investisseurs face à une taxation appliquée de manière arbitraire pour des raisons électorales et populistes”, commente Aurélien Lux, analyste chez Galilée AM. Cependant, ajoute Melchior de Villeneuve, directeur du développement de Lynceus Partners, cette décision du gouvernement italien n’a « tenu que l’espace de quelques jours ». Face au mécontentement des investisseurs, Rome a ramené cette taxe de 25 % à 0,1 %., la rendant donc « indolore » pour les banques qui ont rapidement effacé leurs pertes sur les marchés, souligne l’expert de Lynceus Partners.
Les gérants préparent la rentrée
Pour les sociétés de gestion, le mois d’août a été l’occasion de présenter certains de leurs secteurs et valeurs préférés pour la rentrée. Ainsi, Lynceus Partners a souligné l’attrait du secteur technologique et le potentiel des valeurs Nvidia, AMD et Ubisoft. La société d’investissement a également rappelé les perspectives favorables de la logistique, avec trois actions en particulier : FedEx, XPO Logistics et UPS. Lynceus Partners a par ailleurs salué le mouvement de relocalisation de la fabrication des semi-conducteurs, une aubaine pour cette industrie tant en Europe qu’aux États-Unis. En outre, la société d’investissement a mis avant les perspectives intéressantes des marchés émergents, dont les politiques monétaires divergent des économies occidentales. Lynceus Partners a enfin confirmé son intérêt pour les actions à dividendes élevées, qui « offrent un potentiel de rendement stable et attractif ».
La révolution verte, source d’opportunités
En parallèle, plusieurs gérants sont revenus cet été sur l’essor des thèmes de la transition énergétique et de la révolution verte. Lynceus Partners a insisté sur le potentiel du secteur des métaux de base, essentiels à l’essor des énergies renouvelables. De con côté, Carmine de Franco, directeur de la recherche Ossiam, a rappelé l’importance cruciale de l’immobilier et notamment de la rénovation immobilière dans la lutte contre le changement climatique. A cet égard, l’expert estime que le Suisse Sika figure parmi les mieux placés pour bénéficier des investissements massifs des États dans la transition énergétique. De leur côté, Roni Michaly, président de Galilee Asset Management, et Aurélien Lux, analyste chez la société de gestion ont mis l’accent sur la thématique smart cities (Villes Intelligentes), clé de voute du développement durable. Rony Michaly enfin, a recommandé de surveiller la filière bois, soutenue par trois mégatendances : la transition énergétique, l’émergence des classes moyennes et les évolutions démographiques.
Le fonds en euros reprend des couleurs
Toujours côté placements, Xavier Bretault, directeur de l’ingénierie gestion privée pour le cabinet de gestion de patrimoine Financière d’Orion, est revenu sur l’impact négatif de la hausse du taux du Livret A sur la collecte de l’assurance vie. Dans ce cadre, le professionnel recommande de profiter des promotions proposées par les assureurs pour collecter. « En 2023, on pourrait se rapprocher d’un rendement de 3 % ou 4 % selon les offres », estime-t-il. Ce dernier a également rappelé que le Private Equity constituait un placement de long terme. « Ce n’est pas un produit pour tout le monde. Les primo-épargnants, qui peuvent avoir besoin de liquidité, ne doivent pas aller sur ces placements-là », a prévenu Xavier Bretault.
Le succès de Remake AM se confirme
Alors que le secteur de l’immobilier suscite des interrogations croissantes à mesure que les grandes sociétés de gestion abaissent la valeur de parts de certaines de leur SCPI, Nicolas Kert, co-fondateur de la société Remake AM, a affiché sa confiance, estimant que cette situation créait des opportunités pour les gérants agiles. Remake Live fait d’ailleurs partie des SCPI à avoir augmenté récemment le prix de ses parts de 2 % (au 1er juin 2023). Pour justifier cette performance dans un environnement perturbée par la forte remontée des taux, les gérants expliquent avoir « décidé dès le second semestre 2022 de sortir du marché français qui, selon nous, ne corrigeait pas suffisamment rapidement ». Nicolas Kert en revanche souligne la stratégie opportuniste mise en place, notamment en Irlande. « Les SCPI ont des liquidités. Or il y a des opportunités en Irlande. On voit des vendeurs étranglés par le poids de leur dette et qui doivent vendre à tout prix ». Remake Live se retrouve en position de force sur des marchés désertés par les acquéreurs pour négocier avec les vendeurs des prix largement décotés. Signe de la confiance des investisseurs, le bilan de mi-année de Remake Live montrait une collecte de 175 millions d’euros.