Les banques centrales dans le viseur des investisseurs

Nos clients s’expriment tous les jours dans la Presse. Régulièrement, nous synthétisons pour vous leurs prises de parole les plus importantes.
Dans cette édition, Riches-Flores Research , Otptigestion, Lynceus Partners, Financière Galilée, Ossiam, Le Groupe Orion, IFFEC, Tygrow, Tylia Invest, Remake AM.

  • La posture des banques centrales au cœur des incertitudes
  • Le Private Equity : la digitale est à l’œuvre.
  • Immobilier : les opportunités des villes en restructuration 

En mars, les actifs à risque ont progressé dans un environnement de marché volatil. La première quinzaine a été particulièrement mouvementée pour les indices actions. Les investisseurs ont d’abord salué la reprise de l’économie chinoise. « Non seulement le PMI manufacturier remonte franchement en zone de croissance mais retrouve un niveau qu'il n'avait pas connu depuis avril 2012 », a commenté l'économiste Véronique Riches-Flores, du cabinet RichesFlores. « Le rattrapage post-Covid est donc bel et bien enclenché et porte ses fruits dans tous les secteurs de l’économie, y compris, la construction », a-t-elle poursuivi. Mais la prudence est rapidement revenue sur les marchés, les investisseurs redoutant la poursuite encore un certains temps des politiques monétaires restrictives des banques centrales face une activité encore robuste, un marché de l’emploi vigoureux et une inflation qui se raffermit. « Devant de tels résultats, la Réserve fédérale (Fed) comme la Banque centrale européenne (BCE) se trouvent démunies. Le seul outil dont elles disposent semble inefficace. Pour sauvegarder leur réputation, elles pourraient accentuer la pression ou la prolonger trop longtemps, au risque de favoriser un ralentissement très marqué dont il sera difficile de tempérer les effets », a expliqué Jacques de Panisse, gérant Optigestion.

La faillite de Silicon Valley Bank puis la chute de Credit Suisse ont provoqué une panique boursière. Le prix du Credit Default Swap (CDS) à un an (pour se protéger contre un évènement de crédit chez Credit Suisse) a explosé à la hausse en une semaine pour atteindre plus de 3 000 points de base, ce qui constitue « un évènement extrêmement rare », a révélé Patrick Chotard, PDG-fondateur de Lynceus Partners. « Face à la crainte d’une nouvelle crise financière, les mesures prises par la Reserve Fédérale (Fed) pour limiter les risques de contagion et le rachat de Credit Suisse par UBS orchestré par les autorités suisses ont rassuré les investisseurs et permis aux actions de rebondir », a observé Véronique Riches-Flores. De son côté, Roni Michaly, PDG de Financière Galilée a salué la rapidité d’intervention de Janet Yellen : « l’ancienne patronne de la Fed et actuelle secrétaire du Trésor des États-Unis, a pris très vite au sérieux les déboires de SVB en demandant aux banques américaines de reprendre les activités de SVB». Les conclusions de la réunion de politique monétaire de la Fed ont également participé au retour au calme, comme l’anticipait l’économiste indépendante. La banque centrale américaine a relevé d'un quart de point de pourcentage ses taux mais laissé entendre que la fin du cycle de resserrement monétaire approchait. Les marchés ont commencé à anticiper une première baisse des taux en juin, encouragés par les inquiétudes au sujet des banques américaines, a commenté Véronique Riches-Flores. Une prévision qui a été confortée par l’annonce d’un ralentissement de l’inflation aux États-Unis au mois de février.

 En zone euro, la BCE s’est montrée plus ferme en relevant ses taux de 50 points de base malgré les turbulences dans le secteur bancaire et en ouvrant la porte à d’autres relèvements, sans doute plus modestes, alors que la lutte contre l’inflation n’est pas terminée. « C’est sans doute le message que souhaitaient recevoir les marchés et celui que Mme Lagarde a voulu envoyer : si l’institution se permet de relever ses taux de 50 pb, c’est sans doute que la situation est maîtrisée, en effet, et que la BCE ne s’inquiète guère des risques de propagation associés à la crise bancaire en présence », a précisé Véronique Riches-Flores.

D’un point de vue sectoriel, le luxe a vécu un bref moment de volatilité dans le sillage de la crise bancaire, sans pour autant que cela ne suscite l’inquiétude de Roni Michaly.  Les valeurs du luxe ont d’ailleurs rapidement repris leur marche en avant grâce aux perspectives offertes par la réouverture de l’économie chinoise. L’exceptionnelle santé de LVMH a par ailleurs ravivé la spéculation sur un intérêt du numéro un mondial du secteur sur son rival suisse Richemont. Cette fusion permettrait à LVMH de « renforcer ses parts de marché dans l’horlogerie et la joaillerie », a souligné Financière Galilée. « Cette fusion pourrait offrir des synergies potentielles, avec une hausse de la part de marché et des économies d'échelle. LVMH conservera une image encore plus attrayante aux yeux des investisseurs, surtout si celle-ci fait l’acquisition d’un leader du luxe », a ajouté la société de gestion.

Les gérants à la manoeuvre

Dans un environnement volatil mais porteur pour les marchés financiers, les acteurs de l’industrie ont multiplié les initiatives pour sortir renforcés de cette séquence. Soucieux de faire profiter ses clients de la résistance des actions dans le monde, Ossiam a lancé un ETF sur les actions mondiales.
De son côté, le groupe Orion a pris une participation majoritaire dans quinze cabinets de gestion de patrimoine « avec comme objectif de poursuivre sa croissance à deux chiffres », a expliqué Emmanuel Angelier, président du groupe Orion. La structure bretonne se positionne ainsi comme un acteur majeur du secteur, a souligné son président.

Les professionnels de la finance ont par ailleurs accueilli avec intérêt le lancement de l’Institut Français de Finance et d’Economie Comportementale (IFFEC). « Indépendamment du niveau des connaissances financières, dans ce domaine, une bonne décision des individus, professionnels ou particuliers ne peut s’affranchir des aspects comportementaux déjà bien étayés par les travaux académiques », a déclaré Édouard Camblain, président de l’IFFEC.

Sur le front du Private Equity, la société de gestion Tygrow « digital native » a confirmé sa volonté d’accompagner la croissance du secteur en permettant aux gérants d’actifs non cotés de créer facilement leurs fonds et d’en digitaliser la gestion.

Enfin, du côté de l’immobilier, Remake AM a rappelé les atouts de l’investissement dans les villes en restructuration. Une stratégie très rentable, comme en témoigne la surperformance de sa SCPI Remake Live l’an dernier dont le rendement a atteint 7,64%. Pour atteindre cette performance la stratégie d’investissement de Remake Live est très diversifiée, avec des placements dans des secteurs tels que les bureaux, les commerces, les loisirs, la santé, ainsi que dans l’immobilier résidentiel social, a rappelé Nicolas Kert, président et co-fondateur de Remake AM.