La fin du rallye
Le rallye des marchés actions a pris fin en septembre. Le mois avait pourtant bien débuté, le CAC 40 s’approchant de son record de septembre 2000 dans le sillage des conclusions rassurantes du séminaire des banquiers centraux de la Réserve fédérale, fin août. « Le président de la Fed, Jerome Powell a prononcé un discours minimaliste dans lequel il a confirmé un biais accommodant », explique Xavier Gérard, vice-président du directoire et associé chez Optigestion. Mais l’optimisme des investisseurs a été rapidement tempéré par des créations d’emplois décevantes aux États-Unis. « C’était le scénario redouté, d’un accès de faiblesse des créations d’emplois accompagné d’une accélération des salaires susceptible de mettre la Fed dans l’embarras », décrypte Véronique Riches-Flores, économiste indépendante et fondatrice de RichesFlores Research.
Dans ce contexte, les marchés attendaient avec intérêt les conclusions de la réunion de la Réserve fédérale du 22 septembre. Or, à A l’image de la BCE et de la Banque d’Angleterre, l’institution a pris acte de la solidité de la reprise en cours mais aussi des tensions inflationnistes, notamment dans l’énergie. Dès lors, elle a, indiqué son intention de débuter la réduction de ses achats d’actifs (tapering) cette année et de relever ses taux dès l’an prochain, et non plus en 2023. « Jerome Powell a surpris les marchés en actant pour la première fois clairement qu’il était temps de changer de politique monétaire », commente Patrick Guerin, directeur de la Gestion et directeur de la Clientèle Privée de Bordier & Cie. « Sur le marché obligataire, la réaction a été brutale. Le rendement du Bon du Trésor à 10 ans a bondi d’une vingtaine de points de base en quelques jours pour dépasser le seuil symbolique de 1,5%. Cette tension sur les taux n’est pas près de s’arrêter », souligne le professionnel sur BSmart. Ce regain de nervosité s’est rapidement propagé aux marchés actions comme en témoigne le repli de 3% du CAC 40 en trois séances. « Le rebond des taux et le repli des actions montrent que les investisseurs redoutent une poursuite de l’accélération des prix au cours des mois à venir », explique le directeur de la Gestion et directeur de la Clientèle Privée de Bordier & Cie. La Chine a également suscité l’inquiétude. Alors que la croissance du pays semble marquer le pas, le risque de faillite du promoteur immobilier Evergrande a ravivé la crainte d’une crise à la « Lehman Brohers » qui pourrait fragiliser le système financier chinois et peut être mondial. « La perte de confiance à l'égard des entreprises chinoises et du financement du crédit peut créer un effet-domino. Nous sommes dans une situation où si un gros élément fait défaut, la déferlante peut être bien plus large. Elle risquerait ainsi de ne pas être circonscrite au seul secteur de l'immobilier, et affecter le marché du crédit dans sa globalité car la surchauffe est mondiale », prévient Véronique Riches-Flores. Dans un environnement de marché plus volatil, Patrick Guérin recommande plus que jamais aux investisseurs d’investir dans le temps long en privilégiant les entreprises qui possèdent un profil de croissance régulier et qui bénéficient d’un bon profit power, même si elles semblent chères aujourd’hui.