Les marchés actions sont repartis à la hausse en octobre, Wall Street battant de nouveaux records. Le mois avait pourtant débuté comme s’était achevé septembre, sur une note incertaine. Les investisseurs continuaient de s’inquiéter du ralentissement de la conjoncture observé depuis quelques mois et de la persistance de l’inflation. « Derrière l’écran de fumée d’un scénario de croissance mondiale toujours exceptionnellement dopé par les acquis du rattrapage de la fin de l’année dernière, la situation économique se révèle de plus en plus complexe et les perspectives de plus en plus incertaines », écrivait Véronique Riches-Flores début octobre. Pourtant, les indices ont rapidement repris le chemin de la hausse.
Plusieurs facteurs expliquent cette embellie. En premier lieu, l’économie chinoise, a rassuré. « La forte chute du PMI chinois des services avait pris les observateurs par surprise le mois dernier. Expliquée dans un premier temps par un contrecoup temporaire des restrictions sanitaires et la paralysie de certains ports, l’affaire Evergrande a, depuis, apporté un nouvel éclairage sur les risques assortis à l’économie chinoise, écrit l’économiste. Le rebond du PMI ce mois-ci est donc une bonne nouvelle » observe-t-elle. Surtout, comme le souligne Patrick Guérin, co-directeur de la gestion chez Bordier & Cie (France), « les publications trimestrielles des sociétés, tant aux États-Unis qu’en Europe, ont largement dépassé les attentes, comme par exemple L’Oréal et Hermès en France ou les bancaires en Europe et aux États-Unis ». Une analyse partagée par Benjamin Philippe, gérant chez Optigestion : « les investisseurs observent surtout le discours des managements. Danone a publié de bons chiffres trimestriels mais son discours est apparu trop prudent et dans la séquence actuelle, les marchés sanctionnent la prudence. Il y a, à l’inverse, des révisions à la hausse des perspectives pour certains dossiers qui logiquement ont été très recherchés ». Contrairement aux prévisions, la plupart des multinationales sont parvenues à compenser la flambée des coûts des matières premières et les problèmes d’approvisionnement. L’enjeu est d’importance, comme le rappellent Benjamin Thomas, directeur des investissements chez Lynceus Partners et Jacques de Panisse, président du directoire d’Optigestion. « Avec ou sans pricing power, la préservation des marges semble inévitable pour tout dirigeant avisé qui a pris conscience du grand virage qui se profile dans les années à venir. Privilégier l’intérêt du client serait une décision favorable à court terme mais rédhibitoire dans quelques années ». Dans cet environnement de marché redevenu porteur, les marchés attendaient avec intérêt les décisions des principales banques centrales, début novembre. « Il n’y a plus de doute possible, la banque centrale américaine n’a plus de marge de manœuvre après les chiffres d’inflation de septembre et devra passer à l’action », assurait Véronique Riches-Flores. A l’image de l’économiste, les marchés ont donc largement anticipé le début du « tapering », soit la réduction des rachats d’actifs de la Réserve Fédérale, annoncé début novembre. Surtout, comme le pense Patrick Guérin, et une partie des investisseurs, l’inflation devrait rester transitoire, reléguant le scénario d’une hausse des taux aux États-Unis à la fin de l’année prochaine.